• nouredine saâdi, entretien "je suis un écrivain des lieux"

    Nouredine Saâdi, La nuit des origines

     

    Sidi Belhamlaoui aux puces de Saint Ouen

     

    Avec La nuit des origines, Nouredine Saâdi signe un roman qui fera date dans l’histoire littéraire contemporaine. Tant par l’originalité du thème que par la singularité dans le « tissage » du texte.

     

    Enraciné dans la mémoire de sa ville natale Constantine avec sa richesse géologique, hagiographique et architecturale mais aussi dans la mémoire du vieux Paris cosmopolite des milieux de la brocante, La nuit des origines a pour personnage une jeune femme constantinoise, divorcée qui choisit de quitter sa ville natale pour aller vivre à Paris sans faire d’histoire. Mais elle a une Histoire : elle hérite un manuscrit de son saint aïeul qu’elle emporte avec elle sur la route de l’exil.  Sa relation avec le parchemin aux précieuses calligraphies est quasi charnelle. Il est sa généalogie, ses racines et sa psalmodie ancestrale : Des cahiers bi feuillés cousus par le même fil, c’est étonnant, un travail si précieux. On dirait même que le calligraphe a exécuté lui – même les enluminures, le mouvement est pareil que sur les diacritiques. Ah ! et ces couleurs ! Elle retourna le manuscrit et lut à haute voix en arabe – butant sur les « r » et les « kh » - le frontispice, répétant : onze chawal mil cent dix. Une merveille, une merveille ! Se sentant soudainement fière. Abla osa : le signataire, c’est mon aïeul, Sidi Kebir Belhamlaoui Ben Ali ; cette prière de Moulay Abdeslam Ibn Maschich, nous l’apprenons par cœur, de génération en génération. Cette émouvante scène se déroule dans le bureau de la conservatrice adjointe des manuscrits orientaux, spécialiste du Maghreb à la bibliothèque nationale. Cette dernière ne put s’empêcher de dire à Abla : Pardonnez mon indiscrétion, mais qu’est – ce qui vous pousse à vous séparer d’une telle merveille ? S’en séparera – t – elle ? C’est la grande énigme du récit, de son épaisseur métaphorique.

    Abla a fui sa ville natale Constantine pour Paris, emportant dans ses bagages ce manuscrit de son aïeul Sidi Kebir Benhamlaoui Ben Ali, les prières sentencieuses de Moulay Abdeslam Ibn Maschich et le verbe protecteur des saints tutélaires de la ville du Rocher. Elle affronte l’exil, chargée de la mémoire hagiographique de son berceau de roc natal.

    A Paris, elle échoue dans une petite chambre d’un foyer. Elle découvre la capitale et, un jour, ses flâneries l’emmènent dans les quartiers aux puces, le milieu de la brocante, où, dans le bar de Mère Jeanne, des brocs de mémoires tentent de résister à la casse des origines. Parmi nombre d’objets, bibelots et meubles d’époque, elle remarque un lit d’or à baldaquins qui lui rappelle celui de son grand – père et peut-être même le lit tumultueux du Rhummel. Elle rencontre Ali, enfant de la DASS qui tire ses origines de Constantine, ville qu’il ne connaît pas, brocanteur et ami de Jacques aux origines brouillées, lui aussi, pucier, surprend l’éclat du regard de Abla sur le lit à baldaquin dans l’entrepôt de Jacques ; un lit de la nuit des origines sur lequel le corps de Abla se refuse pourtant à l’abandon du plaisir. Et puis, il y a Jacques, l’ami de Ali-Alain, Père Paulo, Bernard’, Mère Jeanne, la patronne du bar de la République des puces, où les noms sont abrégés, creusés par l’exil, une communauté d’expatriés, d’anciennes généalogies qui se sont fondus au cours des tumultes de l’histoire au cœur d’un vieux Paris balzacien, méconnu, avec ses ruelles, ses odeurs, ses criées, ses beuveries, ses racines éparpillées, hétéroclites, espaces mouvants de forains, collectionneurs de photographies d’époques dans lesquelles, comme Bernard’ il continue de chercher l’enfance des cartes postales paternelles envoyées du front ; meubles stylisés de noblesses déchues, échoués, comme eux, dans ce vieux Paris qui se prépare à une grande manifestation pour revendiquer sa part d’existence dans la ville – lumière. Un monde bigarré où le patronyme est transformé, abrégé, coupé, haché, doublé. Ali – Alain, Bernad’, Abla – Alba, Balbo : Abla retouna souvent chez Alain et peu à peu se tailla une existence aux puces. On la rencontrait partout, on aurait dit que l’espace lui appartenait, au point où Carlos avec son humeur grivois laissa fuser un soir chez Jeanne qu’elle était désormais une chatte adoptée (souligné dans le texte) – ce dont fort heureusement pour lui, elle ne comprit pas le double sens de la blague de macho et de l’argot des bistrots. On ne l’appelait plus d’ailleurs qu’Alba et elle finit, par lassitude, à s’y habituer. Seul Alain ne s’y trompait plus ; Jacques ayant d’emblée saisi – par son expérience, quoi ! – combien il nous importait d’être bien nommés. Résignée à ce nouveau nom, à répondre à ses sons, à sa signification de blancheur et de pureté, elle prit le jeu avec l’amusement avec lequel on se livre innocemment à des sobriquets passagers (…)

    Deux mémoires vont coexister désormais : celle de Abla - Alba, mystique, hagiographique, spécifique, contenue dans le manuscrit du saint patron de la ville – citadelle, Constantine, et celle de la brocante, polyphonique, multilingue, des brocs de souvenirs ; deux mémoires qui vont se rencontrer, s’affronter, se défier, s’enlacer, s’aimer, s’adopter mais se repousser car le territoire de cette « généalogie de la géologie » de Abla, adoptée pourtant par les brocanteurs qui l’appellent Alba se défie des commissaires priseurs à l’affût d’objets rares dont les âmes se prostituent aux ventes aux enchères.

    La bibliothèque nationale s’intéresse au manuscrit de Abla, elle s’y présente et soumet la mémoire calligraphique de son ancêtre à l’expertise de son authenticité, le cœur brisé, devant son ami Jacques habitué à ce genre de transaction. Abla – Alba reprend possession de son manuscrit et, au sortir de cette séance, sombre dans un mysticisme délirant comme si son manuscrit avait été violé. Alain – Ali n’a plus de nouvelles de sa compatriote ancestrale échoit sur le zinc de Mère Jeanne et noie son exil ravivé, plaies béantes des origines brouillées par l’arrivée de la porteuse du verbe de son prénom d’origine qui tournoie dans « la valse des puces ». Abla – Alba égaie de sa beauté de son corps qu’on aurait dit sculpté par les eaux immémoriales du Rhummel aux écumes katébiennes. Mais elle inquiète par son mutisme, son égarement intérieur. Forte, émouvante et tragique que cette dernière scène de ce roman généalogique où, dans l’atelier de Jacques, le commissaire – priseur marchande son manuscrit, l’âme de ses aïeux, de son sang, de sa lignée : …alors, jetant un furtif coup d’œil à sa montre et s’emparant du volume comme s’il craignait qu’il s’envolât, le commissaire priseur abattit avec enflure la proposition qu’il avait sans doute longuement mûrie comme un joueur de poker : Assurément, j’aurais tant aimé organiser une si belle vente d’une pièce unique, avec un superbe catalogue à la Delacroix, rédigé par un ami écrivain – vous voyez, Laurence ? – qui nous aurait rendu l’Orient de Flaubert, mais je crois qu’il est plus sage de choisir une opération de gré à gré. Je l’acquerrai moi – même et le mettrai en vente plus tard : J’ai quelques clients importants, des princes arabes et,  n’est – ce  pas chère madame, vous auriez la consolation que votre manuscrit reste en terre d’Islam ; je l’imagine déjà dans un coffret de cristal, comme une couronne sur un fond de satin vert ».

    Devant Louis Philippe Trakian, le commissaire priseur, ébaubi par le manuscrit, sûr de conclure le marché inespéré à vil prix, ne tarit pas d’éloges sur la pièce unique en son genre et se fait fort de rassurer Abla sur la destination du manuscrit comme s’il pressentait qu’une colère grondait en elle sourdement. Elle finit par éclater et l’atelier de Jacques où l’entretien eut lieu devint le théâtre d’une tragédie 

     

    Elle fuit les lieux, serrant l’héritage scriptural du VIè siècle contre sa poitrine. Dans la rue, elle perd connaissance. A l’hôpital où elle a été évacuée, elle se suicide en avalant une boite de Vidal. Lors du rapatriement de sa dépouille dans sa ville natale, Alain – Ali dépose le manuscrit dans le cercueil : « A ton retour, lui a – t – il confié, tu trouveras le lit doré chez toi. C’est sa destinée ». La mort de Abla a en quelque sorte sauvé le manuscrit puisqu’il est retourné à ses origines. Par son geste salvateur, Ali – Alain qui a pris conscience de la valeur du manuscrit, renoue avec une ancestralité oubliée. Grâce aux brocanteurs, la mémoire de l’aïeul de Abla – Alba n’a pas été bradée aux commissaires priseurs. Ils ont compris qu’un pays ne se vend pas. La mémoire spécifique de Abla et celle, cosmopolite des brocanteurs ont fusionné au – delà des frontières et des langues.

     

    Ce roman « tissage » de la cassure des origines spécifiques et universelles, fusionnées dans un état – civil de la brocante et dans une culture toponymique partagée entre une hagiographie de la sainteté et une géographie de la souika transplantée au cœur de Paris, introduit, dans sa syntaxe, une forme originale. Les dialogues sont intégrés dans le corps narratif du texte et ne sont pas signalés par des marques formelles ( tirets, guillemets), comme si un méta – personnage les faisait couler dans la mémoire narrée. C’est la première fois que cette forme esthétique qui enlève aux dialogues leur autonomie syntaxique pour être intégrés dans le discours narratif apparaît dans le roman moderne. Les dialogues conservent leur structure syntaxique mais ne sont pas introduits par des tirets avec des retours à la ligne. Ils font partie du continuum narratif comme si un méta – personnage, celui de la Mémoire, les absorbait, les faisait couler dans l’architecture narrative de cette mémoire sémantique ( qui n’est  donc plus verbale, c’est à dire immédiate).  Avec La nuit des origines, Nouredine Saadi continue sa quête d’écriture des espaces soumis à l’errance du temps, de l’histoire et des cultures. Dieu Le fit, son premier roman est l’histoire d’un bidonville dont les habitants sont menacés d’expulsion, La Maison de lumière est une généalogie architecturale du palais du premier Dey d’Alger racontée par ses gardiens, les Aït Ouakli, de la pose inaugurale de la pierre des fondations jusqu’aux années sanglantes de la décennie écoulée. La nuit des origines est un événement littéraire mondial en ce qu’il apporte d’originalités dans sa forme esthétique.

     

     

    L’entretien

     

    Nouredine Saâdi aime à dire : « Je suis né à Constantine, sur un rocher, au dessus d’un précipice ». Cet écrivain des lieux d’Histoire et de sainteté a été l’invité du FELIV tenu la semaine écoulée à Alger sur l’esplanade de Riadh El Feth. Il a parlé de son dernier roman La nuit des origines mais aussi de La maison de lumière et de Dieu-Le Fït qui a obtenu le Prix Kateb Yacine. Dans cet entretien, il plonge dans son univers romanesque.

     

    Nouredine Saâdi : « Je suis un écrivain des lieux »

     

     

    L’Est Républicain : Peut-on qualifier votre écriture d’ écriture tissage » ?

    Nouredine Saâdi : Je suis tout à fait d’accord sur cette lecture sur  mon travail d’écriture.  Certains écrivains ont une stratégie d’écriture à partir de la composition. Moi ce qui m’intéresse,  c’est le tissage qui s’opère entre les divers niveaux par lesquels on perçoit le réel. De ce fait, ces tissages vont créer eux- mêmes une composition différente.  Dans  Dieu-Le-Fït, La maison de lumière qui est un texte plus narratif  et  La nuit des origines,  ce tissage renvoie aux divers fragments qui vont se structurer et qui font que le livre tienne. Mais c’est au lecteur d’en apprécier la trame. Mais, à la différence du vrai tissage, l’écriture   va exister en même temps que le tissage… Il n’y a pas une trame qui est préconçue. En tout cas,  je sais que certains auteurs font un plan de composition avant d’écrire, moi j’en suis incapable.

     

    Le personnage de Les vigiles de Tahar Djaout est dans cette trame…

    Effectivement, c’est une façon pour lui de s’inscrire dans la littérature  algérienne en rapport avec les écritures qui l’ont précédée. Il y a un clin d’œil à Dib, à Feraoun…

     

    Est-ce que ce tissage esthétique n’est pas plus approfondi dans La nuit des origines ?

    Je crois qu’en écrivant plus de livres, plus  on affine le travail d’écriture et je crois effectivement que La nuit des origines est le texte qui va poursuivre et je dirais même achever cette écriture par tissage.  Parce que comme vous l’aviez fait remarquer dans un article,  il y a cette fusion des dialogues dans le corps narratif du texte dans lequel ont été enlevés tous les signes arbitraires du dialogue. En fait, je n’ai pas commencé à l’écrire comme cela. C’est au bout de quelques pages que j’ai senti une espèce de corset et je me suis dit que si je me libérais ce corset, les dialogues s’enchevêtreraient entre eux un peu à l’image des bulles  d’une bande dessinée qui donneraient plus de prégnance aux dialogues  qui vont s’ intégrer dans la structure narrative. Il n’y aurait pas donc d’un côté la surface du récit  et de l’autre la surface du récit par les dialogues.  

     

    Votre œuvre romanesque est hantée par les lieux. Est-ce à dire que vous êtes fasciné par l’architecture physique et sémantique ?

    Je suis un écrivain des lieux ; je suis habité par des lieux. Et de plus je vous fait une confidence, le métier que j’aurais aimé faire, c’est le métier d’architecte. J’ai toujours été fasciné par l’architecture. Ou que je me déplace, je m’intéresse moins à ce que peut me donner un guide d’un lieu, d’un site, qu’à la découverte par mon œil, par mon épreuve physique de ce qu’est l’architecture de ce lieu. Le rapport à l’architecture est devenu en quelque sorte chez moi un des embrayeurs du récit lui-même. Dieu Le Fit se situe dans un bidonville, vous l’aurez remarqué, c’est l’habitat dit précaire, c’est-à-dire, un habitat sans fondation. La maison de lumière s’ouvre par la fondation et elle va se construire dans une matrice qui est l’éternité. D’ailleurs, le titre premier que je voulais donner à ce roman est La maison d’éternité. La nuit des origines se passe aux puces de Saint Ouen, dans une ville qui est en réalité une ville fantôme qui n’existe que durant trois jours pendant lesquels la ville est structurée avec les stands et tout à coup, elle va disparaître avec la levée du marché.

     

    Ce sont des lieux cosmopolites, de brassage d’identités…

    Ce sont toujours des lieux cosmopolites parce que j’essaie, tout en écrivant sur l’Algérie, de me décaler de tout ce qui est énonciation de type exotique ou folklorique de manière que, ces lieux, quels que soient  accèdent quelque part à l’universel. Les habitants du bidonville de Dieu- Le- Fit sont quelque part dans l’universel parce qu’ils vont faire cette Rihla, ce voyage vers les origines. Les Qabaïles, comme je les ai appelés, sciemment pour maintenir cette appellation de l’époque, qui vont venir de plusieurs régions du pays pour être les ouvriers de cette maison et qui se sédentarisent, vont partir de leur origine pour accéder à l’universel. Mon personnage, Baya, de La nuit des origines, porte un manuscrit qui est mystiquement universel et elle va rentrer dans ce monde cosmopolite qui existe réellement aux puces de Saint Ouen.

     

    Des lieux intimes pour approcher la grande histoire ?

    Oui, je lis cela souvent et cela m’amuse. On dit qu’il y a des écrivains de l’intime et de « l’extime » ; des écrivains qui sont plus dans l’autobiographie ou l’autofiction et des écrivains qui ont une  distance par rapport à ce qu’ils écrivent ; c’est un peu ce qui est né dans le nouveau roman. Moi, je peux dire que par les personnages, la narration, par le travail de l’imaginaire sur le Réel, on exprime ce qu’on porte en soi intimement par le détour symbolique. Ce qui fait qu’il y a plein d’aspects dans chacun de ces romans qui relèveraient de l’ordre de l’autobiographie

     

    Le narrateur d’une nouvelle du recueil Il n’y a pas d’os dans la langue revisitant  ses lieux d’enfance à Constantine, s’exprime avec un « tu »…

    Je ne pouvais écrire ce texte trop intime qu’en prenant la distance par le « tu »

     

    Le manuscrit de Sidi Belhamlaoui, le gardien de Constantine, voyage avec Abla à Paris comme le fait Ibn Tumert aux Champs-Élysées.  Comment appréciez-vous ce rapprochement entre La nuit des origines et L’Invention du désert ? 

    Je n’ai jamais pensé à ce rapprochement mais il me paraît tout à fait correspondant dans cette aventure de l’écrit. En même temps, c’est le renversement des regards. Par rapport au regard qu’a eu historiquement la littérature de Flaubert que j’adore sur ce qu’est l’Orient dans son imaginaire,    je voulais dans le roman La nuit des origines dans mon rapport aux puces de Saint Louis rendre compte de l’occident de mon regard. Et cet occident de mon regard est toujours porté par ce lien anthropologique avec le pays et la terre de naissance.  

     

    Il y a beaucoup de lieux de sainteté dans votre écriture….

    Deux réponses qui ne se complètent pas ; elles sont à des niveaux différents. La première : une réponse mémorielle et très autobiographique. Quand j’étais tout jeune, mon père qui était d’origine paysanne et ayant vécu à Constantine,  disait toujours pour s’exprimer  « Ah, Sidi Belhamlaoui ! ». Après le décès de notre mère, j’avais quatorze ans, il m’emmenait à Sidi Belhamlaoui. C’est quelque chose qui m’est resté ;  puis j’ai eu la culture classique française ; en revanche, au-delà du religieux, il me reste quelque chose qui fait que partout où je vais j’aime ces lieux mystiques qui sont des lieux habités. Et je le fais dans tous mes voyages. Ayant fait mes études au lycée Bugeaud puis au lycée Abdelkader j’ai découvert Sidi Abderrahmane et j’en suis un connaisseur. Pierre Legendre, psychanalyste, disait « Nous sommes tous des enfants du Texte ». La seconde réponse : au fond, il existe des modes de mysticisme qui peuvent être liés au religieux et ceux  liés à un sacré au-delà du religieux. Et je pense que la littérature, en tout cas l’idée que je m’en fais, appartient  à quelque chose qui est dans l’ordre du sacré.

     

     

     

     

     

      


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